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Jardin botanique Val Rahmeh-Menton
À Menton, le jardin botanique Val Rahmeh est un lieu d’histoire, de culture et de conservation de plantes exotiques tropicales.
Informations générales
- Surface globale : 1,5 ha dont 1,3 ha ouverte au public
- Surface des expositions temporaires : 90 m 2
- Services : boutique, boissons
- Labels et certificats : labellisé Jardin remarquable, labellisé Qualité Tourisme, certificat d’excellence de Trip Advisor depuis 2015.
- Visites guidées possibles : les lundis par un guide conférencier. Les jeudis par un jardinier. Tlj avec Audioguide
- Site internet : https://www.jardinbotaniquevalrahmehmenton.fr
Créé à la fin du XIXe siècle et enrichi au fil des décennies d’essences nouvelles, ce jardin est devenu un parc de renom, très apprécié des promeneurs et des amateurs de botanique, à l'extrême Sud-Est de la France, aux portes de l'Italie. Situé dans la ville de Menton face à la mer et protégé des vents par la montagne, ce lieu, labellisé Jardin remarquable et Qualité Tourisme, offre un microclimat exceptionnel pour des plantes exotiques.
Il présente sur 1,5 hectare plus de 1 700 plantes subtropicales et tropicales, venues Afrique du sud, des Canaries, de Chine, du Mexique, de Nouvelle-Calédonie, de Nouvelle-Zélande, ainsi que quelques végétaux rares.
Si son aménagement original, plein de charme, en fait une oasis de détente, c’est également un lieu de conservation d’espèces rares ou menacées et parfois de recherche.
Les plantes sont réparties au sein de plusieurs espaces. À l’entrée, les milieux tropicaux — sec (agaves, cactus…) comme humide (bambous, fougères arborescentes…) — sont à l’honneur. Plus loin, on peut apercevoir les plantes de climat méditerranéen, avec, en vedette, des plantes aromatiques et des oliviers centenaires. Dans la pièce d'eau au bas du jardin, lotus et nénuphars géants s’épanouissent, non loin de végétaux australiens.
1. Historique
En 1905, l’ancien général de l’armée britannique Sir Percy Radcliffe et son épouse, Rahmeh, acquièrent cette propriété de la famille de Monl éon. Après l’achat de quelques terrains agricoles supplémentaires, ils aménagent l’ensemble en un jardin de style paysager, agrémenté d’espèces exotiques, et font agrandir la villa. Baptis é Val Rahmeh en l’honneur de Lady Radcliffe, le domaine change ensuite plusieurs fois de propriétaires avant d’être acheté par Miss Maybud Campbell, une riche Britannique, botaniste de formation. Elle complète le domaine par une nouvelle parcelle et orne le jardin d’espèces rares ou spectaculaires, en provenance de tous les continents. Endettée, elle est contrainte de vendre le domaine et le cède en 1966 à l’État, qui en confie la gestion au MNHN. Le fouillis végétal se transforme alors en véritable jardin botanique, avec des présentations thématiques et des plantes identifiées. Il ouvre au public en 1967.
2. Collections
Le jardin botanique Val Rahmeh a une vocation d’acclimatation : le Muséum y introduit des espèces depuis 1966. Environ 1 700 taxons (espèces, sous-espèces et variétés) se partagent les lieux, représentant 160 familles et 700 genres.
3. Parcours de visite
Au-delà du tracé formel de la terrasse, le jardin s’organise de manière souple. Il présente des espèces originaires d’une très vaste aire géographique, toutes organisées en fonction des microclimats identifiés dans le jardin, de la zone très humide à la zone désertique. Le jardin est organisé en petites zones thématiques et biogéographiques : plantes des régions tropicales humides ; plantes des régions tropicales sèches ; plantes des régions méditerranéennes ; plantes médicinales et culturelles, magiques et toxiques ; fruitiers tropicaux ; et, pour finir, verger d’agrumes. Une visite guidée des espèces remarquables est proposée avec un audioguide traduit en six langues, et un parcours dans le jardin présente les différentes zones. Grâce à l’implication de l’Association des amis du Val Rahmeh, des conférences sur sites sont régulièrement organisées
3. Unités paysagères
L'organisation du jardin en terrasses (restanques), ses tracés, ses alignements historiques et ses vues sont principalement hérités du 19e siècle. Jardin botanique exotique tropical, le jardin est organisé en petites zones thématiques et « biogéographiques » (représentant des zones géographiques climatiquement et écologiquement homogènes du point de vue des formations végétales et des températures) en fonction de l’exposition ou du drainage du sol.
14 unités paysagères permettent la présentation de ses collections de plantes.
- 1 La grande allée
- 2 La terrasse
- 3. La topiaire
- 4 Les serres
- 5 Les médicinales et magiques
- 6 La pépinière
- 7 Les régions méditerranéennes
- 8 La forêt tropicale sèche
- 9 La forêt tropicale humide
- 10 Les fruitiers tropicaux
- 11 Les agrumes
- 12 Le bassin et les plantes ornementales
- 13 Les xérophytes
- 14 La gloriette
L'acclimatation de cette grande diversité d'espèces est possible grâce à la situation géographique exceptionnelle de Menton. La baie de Garavan, dans laquelle le jardin est installé, est un amphithéâtre ouvert sur la mer et abrité par la montagne et offre un microclimat doux et humide.
4. Particularités
Le jardin propose trois approches de l’art des jardins : artistique, créative et poétique.
Un jardin exotique :
- un éventail végétal exceptionnel couvrant une aire géographique incluant l’hémisphère boréal et austral et les régions subtropicales et tropicales
- une diversité des floraisons saisonnières, des fragrances subtiles et la richesse végétale du parcours
La mise en scène du végétal
- des associations végétales étonnantes et des combinaisons uniques : feuilles gigantesques de Monstera deliciosa ou de Victoria cruziana, tronc couvert d’épines acérées de Ceiba speciosa, ou fruit étonnant du cédratier ‘Main de Bouddha’ (Citrus medica ‘Digitata’).
Une atmosphère poétique :
- Les bruits de l’eau, les chants d’oiseaux, les bruissements des pas sur le gravier. Un jeu s’installe au grès des passages immergés sous les frondaisons sombres où la lumière apparaît et disparaît, pour laisser place à la splendeur qu’il y règne.
4. Eléments remarquables
L’allée de palmiers centenaires : un alignement de 12 Phoenix canariensis d’une longueur de plus de 60 mètres et d’une hauteur de plus de 15 mètres. Ces sujets souffrent depuis 2012 d’attaques de charançon rouge. Les jardiniers du site portent une attention particulière pour les maintenir en vie le plus longtemps possible. De nos jours une telle allée est rare et exceptionnelle.
La terrasse structurée : elle offre un panorama unique sur le vieux Menton et le campanin de la Basilique Saint Michel Archange. C’est une vue éblouissante par toutes ses couleurs chaleureuses. Elles contrastent fortement avec l’unité de vert du jardin à cet endroit et le bleu azur de la mer et du ciel.
Le Bassin : il accueille une collection de plantes aquatiques de nymphéas tropicaux. La plus emblématique est la Victoria cruziana. Ses feuilles sont parmi les plus grandes du règne végétal. Elles ont une circonférence de plus de 2 mètres. Les jardiniers de Val Rahmeh en récoltent les graines chaque année pour pouvoir les replanter en place.
La pergola : elle propose un autre cadrage dans le jardin. Elle accueille des plantes grimpantes comme les Mandevillea, les Aristoloches, les Passiflores, mais aussi un rarissime Olmediella betschleriana, originaire du Guatemala. Sa hauteur est de plus de 10 mètres. Il semblerait qu’il s’agisse de l’unique sujet planté en pleine terre dans la région.
L’oliveraie quadricentenaire : elle est constituée de 30 sujets remarquables.
4. Labellisation et marque d’État
Le jardin botanique Val Rahmeh est labellisé Jardin remarquable par le ministère de la Culture depuis 2014. Mis en place en 2004, le label Jardin remarquable distingue des jardins et des parcs présentant un intérêt culturel, esthétique, historique ou botanique, qu’ils soient publics ou privés. Ce label de qualité est attribué par le ministère de la Culture pour une durée de cinq ans renouvelable. Il est aussi labellisé Qualité Tourisme par le ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance, depuis 2018. La marque Qualité Tourisme™ est la seule marque d’État attribuée aux professionnels du tourisme pour la qualité de leur accueil et de leurs prestations. Il bénéficie du certificat d’excellence de Trip Advisor depuis 2015.
Structure du site
L'aménagement du jardin dépasse le tracé formel de la terrasse devant la villa, pour évoluer vers des espaces ouverts – autour de la maison ou au niveau du jardin d’eau – qui alternent avec des espaces plus intimistes comme la collection de bambous ou la zone consacrée au milieu tropical forestier. Outre cette architecture paysagère, le jardin est organisé en petites zones thématiques et « biogéographiques » (représentant des zones géographiques climatiquement et écologiquement homogènes du point de vue des formations végétales et des températures) en fonction de l’exposition ou du drainage du sol, avec une zone préservée pour le suivi des collections.
En 2023, la rénovation des façades est réalisée selon des techniques et matériaux traditionnels (chaux) et intègre la conservation des plantes grimpantes qui renforcent l’intégration paysagère du bâti.
Le Museum national d'Histoire naturelle s'est engagé sur une charte de développement durable et une politque environnementale qui s'appuie sur les missions du MNHN. Les quatre jardins botaniques du Museum, également paysagers et récréatifs, répondent ainsi aux règles communes du réseau mondial des jardins botaniques (Botanic Gardens Conservation International, BGCI), du consortium des jardins botaniques européens (European Botanic Gardens Consortium) et du réseau des jardins botaniques de France et des pays francophones (JBF). Ces missions se résument en quatre points :
• La conservation des espèces végétales et de la biodiversité, dans les jardins et dans la nature, en liaison avec d'autres partenaires,
• L’éducation visant à permettre la découverte du monde végétal par l'accueil de nombreux publics, et la sensibilisation aux différents aspects de la biodiversité par des expositions, l’édition de brochures et d’ouvrages.
• La recherche avec la présence dans les jardins botaniques d’une documentation, d’une bibliothèque, d’un herbier et d’une base de données pour assurer la gestion des collections, et des programmes de recherche sur le matériel végétal ou sur les thématiques portées par les jardins.
• La diffusion des ressources génétiques par la Graineterie du Jardin des Plantes qui visent notamment l’enrichissement de collections végétales.
Sol
La Campagne d’analyses lancées en 2023 (études pédologique, agronomique, microbiologique) fait état d'un bon potentiel agronomique et fertile, de la présence de sable de limons et d’argiles favorisant les circulations d'eau, et de conditions favorables au développement de la vie microbienne.
Les observations menées par l’équipe en place, et la transmission de l’historique d’occupation des sols et des contextes climatologique, géologique, hydro graphique et topographique, ont développé une bonne connaissance empirique des sols .
La végétation foisonne par l'imbrication de multiples strates végétales dans les talus qu'elle retient. Le paillage des massifs est systématique depuis 2010, avec achat d’un broyeur pour récupérer la matère organique du site.
Des efforts de regrouper les commandes relatives aux intrants externes (amendements organiques).
Eau
Les jardiniers ont une très bonne maîtrise du réseau d’arrosage automatique .Les consommations d’eau sont suivies depuis 2020 . En 2022, des travaux ont permis de rétanchéifier le grand bassin où des fuites avaient été reperées. L'arrosage s'effectue la nuit et une station météo est installée dans le jardin.
Le développement de collections de plantes moins gourmandes en eau est engagé (depuis 2013, collection de Puyas, depuis 2013 développement du Kikouyu) Un plan sécheresse a été mis en place en 2023 et s'accompagne d'une communication sur les aménagements et dispositifs particuliers en cas de canicules avec une tolérance sur le jaunissement des pelouses et des prairies.
Un audit de l’arrosage du site a réalisé en 2023.
Faune / Flore
Le jardin abrite une collection remarquable de plus de 600 arbres, ainsi que près de 1 800 espèces et plus de 2 500 taxons de plantes méditerranéennes subtropicales et tropicales. Les habitats sont diversifiés et de strates variées (herbacées, florale, arbustive et aborée) dont la gestion prend en compte les cycles biologiques et la préservation de la faune. De nombreuses plantes à intérêt écologique sont présentes sur le site, avec la préservation de zones pour espèces spontanées favorables à la biodiversité (talus, prairie agrumes). De nombreux micro-habitats sont présents et créés sur le site : arbres à cavité, tas de bois, murs pierre sèche et de zones refuges sur site (couleuvres, crapauds, rainette, orvets…).
Des protocoles de suivi de la faune sont en place via la Tente Malaise depuis 2023, un suivi d’oiseaux avec la LPO depuis 2020, des observations de la faune du site (présence du Renard et du Blaireau).
Les espèces exotiques envahissantes sont connues et rescencées, de même que le suivi des espèces non désirées (Charançon du palmier depuis 2016, Insectes ravageurs avec l’INRAE depuis 2021).
Une taille des arbres raisonnée est pratiquée sur le site (en interne) et via un arboriste (depuis 2013).
La protection des espèces menacées et de leur habitat est au cœur des missions du MNHN , avec de grandes connaissances botaniques de l’équipe (espèces plantées connues et collections suivies) et la traçabilité des plants et semences via Index Seminum dans le respect de l’environnement.
Un suivi des déchets verts est réalisé depuis 2019, avec broyage et valorisation in-situ d’une grande partie des déchets verts.
Matériaux & mobiliers / Matériels & engins
Le mobilier fait appel aux matériaux et savoir-faire artisanaux.. Ainsi, dans le cadre du projet Interreg Alcotra / Nat + Cult 2 plusieurs travaux ont pu être menés selon des techniques traditionnelles de construction à l’impact environnemental maitrisé et impliquant l’ar tisanat local :
- rénovation de murets en pierres sèches
- restauration de l’Angelot et des deux médaillons
- création d’un portail réalisé par un ferronier local
- restauration d’un bassin de rétention d’eau.
Le MNHN a établi un bilan carbone simplifié, les consommations sont suivies. Un passage progressif à du matériel électrique a été effectué.
Installation de LED sur la terrasse en 2023.
Formations
Les jardiniers du site ont suivi de nombreuses formations autour de la faune, la flore et la gestion écologique, ainsi que sur de futures analyses pédologiques, dans l’optique d’un suivi.
La démarche est portée au niveau central par le MNHN.
Public
Avec plus de 47 000 visiteurs en 2023, le jardin labellisé Jardin remarquable depuis 2014, et « Qualité Tourisme » depuis 2018.
Les actions de communication et sensibilisation auprès du public sont nombreuses avec 90 m2 de surfaces dédiées aux expositions, 1 visite guidée chaque jeudi et sur demande (notamment autour de la sècheresse), jusqu’à 10 conférences par an, un parcours audioguide en 30 points et en 6 langues, un parcours d’informations botanique de 33 panneaux et 2 panneaux en braille, et la diffusion d’informations sur les réseaux sociaux et le site internet en 2018.
Le jardin participe à Rendez-vous aux jardins et aux Journées européennes du patrimoine.
La démarche de gestion prenant en compte l’environnement est confortée par une adhésion à la charte des jardins botaniques de France qui s’inscrit dans l’esprit du Plan d’action pour les jardins botaniques de l’Union Européenne développé par le BGCI (Botanic Gardens Conservation International).
Le jardin contribue à la sensibilisations aux sciences participatives annuelles (MNHN - vigie-nature), au suivi des oiseaux avec la LPO, et au podcast Curieuses histoires du Muséum, et la publication d’un livre sur l’historique, la collection et la biodiversité du jardin en 2022 et d’un livre sur les
pratiques de jardinage en 2023.Localisation
Avenue Saint-Jacques
06500 Menton
France