COULEE VERTE DU LAÜ

D’une superficie de 7,5 ha, la coulée verte de Pesquidou se développe depuis 1990 sans discontinuer au rythme des opportunités foncières et des volontés publiques. L’idée forte de la coulée verte est de réaliser dans les quartiers nord de Pau une trame paysagère autour de laquelle se structure le quartier, d’inverser le schéma et penser la Ville par le paysage, de créer le dialogue entre urbanisme et nature. Ce concept a émergé lors de l’exposition internationale présentée en 1990 à Pau, LES JARDINS DE L’UTILE ET DE L’AGREABLE. Il a été approprié par les acteurs, collectifs, associations et habitants du quartier Berlioz qui en ont fait un leitmotiv de leurs nombreuses réalisations.

Depuis 2000, habitants, adhérents de la MJC, jeunes paysagistes du lycée de Montardon ont ainsi œuvrer à nourrir ce projet et à imaginer ce que pourrait être l’idée des futurs espaces jardinés de la friche Lauga. En 2004, deux artistes du Land art sont invités – Marc Babarit et Gilles Bruni. Ils composent, avec l’aide des habitants le « Jardin dans la friche ». Cette proposition paysagère et artistique atypique ne peut qu’interroger et séduire les élus présents lors de l’inauguration en septembre de la même année.

Les démarches de créations participatives et artistiques se multiplient au fil des années 2000 avec, à chaque fois, un savant mélange d’habitants du quartier et de partenaires divers et variés attirés par l’émulation qui règne ici : « Festival Rêve de Ville » en 2006 puis en 2008, cette même année, Gilles Clément vient apporter son expertise en témoin et ami, puis, deux années plus tard, la construction d’un village de 40 cabanes éphémères dans la friche.

En 2012, alors que les premiers immeubles sont installés, alors que les déblais de terre envahis de saules et de ronces modèlent les futurs jardins de Berlioz, est invité un artiste japonais, Kinya Maruyama. Architecte, designer et amoureux de la nature, il vient là, invité par la MJC Berlioz qui connaît en particulier le travail qu’il a mené à Painboeuf (44) avec la population locale dans le cadre de l’opération artistique « Estuaire » en 2007 et d’autres travaux menés dans d’autres pays. Le projet qu’il esquisse, après plusieurs jours d’ateliers participatifs à Berlioz avec population locale et étudiants, mérite l’intérêt. Le dessin reste simple, coloré, le modelé du terrain garde la structure existante, rappelant la proximité avec les Pyrénées, et le jardin est rythmé par des installations où l’influence du maître japonais apparaît clairement : un labyrinthe fleuri, une maison de thé, un amphithéâtre, des ponts… et une végétation qui s’appuie sur les essences déjà existantes.

Le verger est planté grâce au mécénat, les « jardins de Fred », jardins d’insertion sont installés fort du bénévolat local, le labyrinthe fleuri prend forme dans les ateliers et est en partie installé pour la fête des jardins 2014. Une maison de thé sort de terre avec les compagnons bâtisseurs de Lons.

En 2020, l’histoire continue. La Ville de Pau achète les terrains dits « Cazaban » qui marquent la dernière étape de ce projet en permettant notamment la liaison entre la MJC Berlioz et la cité des Pyrénées. Dans la continuité des dynamiques engagées sur ce quartier et en s’appuyant sur les savoir-faire et la position d’acteur social et culturel reconnu de la MJC Berlioz, un dispositif de concertation animé par cette dernière est mis en place en partenariat avec la Ville de Pau pour accompagner la transformation des terrains Cazaban.

La coulée verte du Laü est ainsi aujourd’hui le fruit de toutes ces dynamiques. Trait d’union entre la Cité des Pyrénées, la succursale de la MJC Berlioz et la MJC du Laû, elle mélange espaces de parcs, jardins partagés, friches…et mêle une gestion des espaces par les jardiniers de la Ville de Pau à une gestion citoyenne via une convention avec la MJC Berlioz.